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17 mars 2011

Fading away

Capture d'images

Deux événements tournés vers l'image et le regard se chevauchent cette semaine. Comment résister à l'envie de les présenter ensemble ? Chaque fois, il s'agit  de regard, d'objectif, de capture du temps et de création.

C'est donc une double balade que je vous propose ici, en image et sans guide, à travers l'exposition sur la photographie préraphaélite du Musée d'Orsay, puis à travers le dernier film de Manoel de Oliveira, L'Étrange affaire Angelica

 Henry_Peach_Robinson___She_never_told_her_love_1857 Angelica_gros_plan
Henry Peach Robinson (She never told her love, 1857)
Manoel de Oliveira (L'Étrange affaire Angélica, 2010) 

 

Photographie préraphaélite en Grande Bretagne, 1848-1875 

Affiche_Photographie_pr_rapha_lite_en_Grande_Bretagne__1848_1875

Le M'O introduit ainsi l'exposition :
Dans l'Angleterre de la seconde moitié du XIXe siècle, en pleine époque victorienne, l'esthétique des peintres préraphaélites trouve de nombreux échos chez les photographes soucieux d'être reconnus en tant qu'artistes. Ceux-ci sont, comme les peintres, marqués par les écrits de John Ruskin, premier théoricien des préraphaélites. L'auteur y préconise un retour à la nature et à l'artisanat, se fait le défenseur d'une vision précise et exalte l'architecture médiévale à laquelle il attribue des hautes qualités morales menacées par l'industrialisation.

Mais si l'on est curieux des hasards du moment, on peut également faire une courte incursion chez Houellebecq.

 

En illustration musicale, un poème de Alfred Edward Housman,
mis en musique par George Butterworth :


"Loveliest of trees" (Six Songs from A Shorpshire Lad) 

 

 

Roger_Fenton__Falls_of_the_Llugwy__1857_
Roger Fenton, Falls at Llugwy (1850)

Au début furent les paysages : eau, feuillages et roches.
Les cours d'eau se font glacis au temps d'exposition de la plaque 
et semblent mettre en valeur les détails de la roche et de la végétation.  

 

R
Roger Fenton, Bolton Abbey (1854)

Au début, il y eut également l'architecture, médiévale.

  

James_Sinclair_14th_Earl_of_Caithness_Avenue___Weston__Warwickshire__1860_
James Sinclair, 14th Earl of Caithness Avenue, Weston (1860)

Puis vinrent les gens, les scènes de la vie moderne.
Mais toujours ce désir de capter la lumière, de dépasser les
limitations de la technique.

 

Dante_Gabriel_Rossetti___Jane_Morris_la_robe_de_soie_bleue__1868_ John_Robert_Parsons___Jane_Morris__1865_
Jane Morris, par Dante Gabriel Rossetti (The Blue Silk Dress, 1868) 
et par John Robert Parsons (série de photographies prise chez Rossetti, 1865)

Il y eut les portraits et l'évidente communauté d'esprit entre peintres et photographes,
et ce visage qu'on connaît et reconnaît, 
celui de l'épouse de William Morris.

 

John_William_Waterhouse_Lady_of_Shalott___1888 Henry_Peach_Robinson_Lady_of_Shalott_1861
Lady of Shalott, John William Waterhouse (1888)
et par Henry Peach Robinson (1861)

Communauté d'esprit entre peintres et photographes, toujours,
tirant leur inspiration des légendes arthuriennes et de la littérature
(ici, de Tennyson, mais aussi de Byron, Shakespeare, Keats,
Thackerey ou encore Browning).

 

 Lewis_Carroll___amy_hughes JM_Cameron___the_Sunflower__1866_1870_
Amy Hughes, par Lewis Carroll (1860)
puis par Julia Margaret Cameron (The Sunflower, entre 1867 et 1870) 

Où l'on retrouve Alice, devant ou derrière le miroir ? Qui sait,
scène de la vie quotidienne ou mise en scène,
littérature, photographie, au fil des visages. 

 

 JuliaMargaretCameron_Iago_study_from_an_italian Julia_Margaret_Cameron__Annonciation__1865
Julia Margaret Cameron :
Iago (study from an Italian) et Annonciation (1865) 

Et l'on est surpris (peut-être) de découvrir, de mur en mur, une femme photographe au style particulier, alternant intensité dans les portraits
et mise en scène personnelle à d'autres moments. 

 

fading_away
Henry Peach Robinson, Fading Away (1858)

Une dernière photographie, étrange et composée, dont on croit avoir vu l'un des éléments, séparément (She never told her love). Fading Away : davantage qu'un « Évanouissement » (telle est la traduction française qu'on nous propose), c'est l'instant immobilisé avant la disparition, mise en scène et recomposée.

Capture d'instants.

 

 

O Estranho Caso de Angélica, de Manoel de Oliveira (2010)

l_etrange_affaire_angelica_the_strange_case_of_angelica_16_03_2011_2011_1_g

 

Pourquoi raconter ce film, ou le commenter ?

 

Angelica6

Il suffit de dire que l'histoire commence à la manière d'une nouvelle fantastique (la nuit, la pluie, un jeune homme, une requête étrange, un événement inexplicable dans une vieille demeure isolée du reste de la ville) et nous emmène ensuite dans un conte, un conte onirique et visuel.

 

En accompagnement musical, Chopin :


Sonate pour piano n° 3 en si mineur op. 58 (Largo)

 


J'ajouterai un détail inattendu : l'aventure commence pour le jeune homme presque à l'endroit où l'on a quitté les photographes préraphaélites anglais :

 

Angelica

Mise en scène du repos, éternel.
Angelica, « pareille à un ange ». 
Garder une trace de la beauté, capturer l'éternité comme un instant.
La famille est spectatrice, ombres chinoises, 
quand la mariée repose dans la lumière.
Plus tôt dans la soirée, le photographe lisait un poème sur les anges.

 

 

Angelica4

Photographier un quotidien presque passé, qui va disparaître,
au risque d'être incompris par les autres. 
Garder la mémoire ? Isaac. On le dit séfarade. Garder la mémoire ?
Au travail à la pioche, rythmé par les chants,
comme avant, s'oppose le tracteur au moteur bruyant.
On est hors temps, on oscille du passé au présent.
La photographie semble seule fixer le temps. 

 

 

Angelica2

Film photographique sur la photographie,
cadre ouvert dans un cadre fermé, entre deux temps, deux dimensions.
Les photos elles-mêmes regardent vers l'extérieur, hors du cadre de la fenêtre.
Le jour, instantanés, elles observent, écoutent les camions qui passent,
bruyants, modernes. 

 

Angelica3

Mais à la nuit, c'est de l'extérieur que vient l'ange-fantôme-rêve souriant,
souriant à l'homme qui regarde la photo d'elle, qui est comme un ange,
la photo qui le regarde en souriant.
C'est la nuit, le temps, l'espace sont ouverts.

 

 

Angelica7

 

 

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