Les Cours
Idée un peu étrange peut-être que de repenser soudain, depuis hier, à celle qui abritait naguère mes rêves sous la caresse du soleil et dans les murmures des bougainvilliers protecteurs et du jasmin voyeur. Moments d'attente nue, entre les hauts murs parenthèses, de plaisir des sens et d'oubli du temps.
La Cour
Tous les après-midis
Je les passais
Dans la cour assoupie
Près des murets
Les jours de grand ciel bleu
Après la peur
Du sadisme orageux
De l'extérieur
La chaleur pleine et mûre
Une matrone
Trônait entre les murs
Déesse lionne
J’accueillais dans mes flancs
L'or et l'argent
De la Perse et des grands
Rois Ottomans
J'étais une vestale
Du feu païen
Dans cette cour banale
Précieux écrin
La Mésopotamie
Désert en fleurs
N’eut jamais une aussi
Haute splendeur
L’ombre énorme et brûlante
Tournant toujours
Était une pesante
Dame d’amour
La cour aux pierres beiges
Chambre dorée
Formait un petit siège
De royauté
Près du feuillage aux lentes
Volutes soeurs
Cette Chapelle ardente
Hante nos coeurs
(Brigitte Fontaine, Les Palaces)