Bonjours
Petite recette de bonheur printanier.
Quitter la chaleur endormie pour saluer le soleil piquant, silencieux du sommeil paresseux des rues.
Grimper entre les jardins enclos, nez en l'air, et se dire qu'il fait bon être tombée du lit.
Se retourner comme une arrière pensée curieuse.
La banlieue dort encore, inconsciente des lumières et des arbres en fleurs.
Remonter alors vers la maison de vos rêves d'enfants, villa arpelienne
qui vous a toujours fait des clins de son oeil unique.
Volumes et formes appellent la lumière, l'espace.
Dans le matin fragile, elle se tient stores baissés comme des paupière blanches,
mais on sait qu'on y serait à la perfection.
S'assurer qu'une fontaine, quelque peu arpelienne elle aussi, se dresse dans le jardin.
Se dire qu'une nuit, on se faufilera et qu'on saura enfin si l'eau jaillit au rythme des pas.
Se dire qu'un jour, quand on sera grand, dans une autre vie peut-être,
on s'inventera la même, ou sa soeur.
Plus loin, redescendre parmi d'autres jardins, sur l'autre versant, juste pour le plaisir.
Plaisir d'une autre vue, d'une autre ruelle, d'un autre silence frais et lumineux.
Plaisir des grands arbres, du grand cèdre pareil à celui de l'enfance.
Puis revenir sur ses pas, retourner vers ces matins d'enfance,
dans le sillage de poudre de riz d'une grand-mère qui, certainement,
de là-haut, vous suit d'un regard brillant.
Lever alors les yeux vers le ciel sans faille et, le sourire aux lèvres, saluer le tulipier.
Saluer le bleu, le vert et les mauves, la lumière aux jeux d'opale et l'élan matinal.
Tendre enfin l'oreille vers les rires fleuris.
Au loin, le clocher s'éveille - ce n'est pas encore l'heure.
L'aqueduc laisse couler le temps des siècles puisqu'il n'a plus d'eau,
que l'eau de la Seine continue de couler sans lui, sous les ponts, encore plus loin.
Le clocher s'éveille - c'est bientôt l'heure.
Enfin, avant de regagner la chaleur endormie d'un dimanche libéré, prendre un dernier détour.
Et saluer, comme chaque fois, Anaïs.