Roses
Un gyrophare intérieur se déclenche comme une arrière pensée alors que je suis encore dehors, à 25 mètres de la cantine. Pourtant c'est mardi, jour gustativement anodin.
A peine entrée dans l'immense salle de cantine encore presque vide, mon estomac m'avertit, par un mouvement proche de la tentative de fuite : les cons ! ils ont changé le jour du biryani !
Dans ces cas-là, une seule solution : foncer vers le riz blanc / daal / gloubiboulga de légumes, en apnée, et trouver la table la plus éloignée des agitations habituelles.
Peine perdue, en dix minutes je suis entourée de mioches dont les plateaux débordent de ce plat qui me soulève le coeur, qui fait hurler mes papilles et récepteurs nasaux, qui les anéantira pour le reste de la journée, avec la sensation tenace d'avoir avalé un mauvais parfum ou mâché de l'encens. Et ça se bouscule, ça s'assied à trois pour une place normalement de deux, ça se sert contre moi, ça me parle, ça me colle.
Et l'air est soudain saturé du remugle de l'eau de rose.
Parce que l'eau de rose ça sent pas la rose : ça pue, ça fouette, ça daube, ça schlingue, même que ça schmoute franchement.
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Aujourd'hui, dégoût et des couleurs