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4 janvier 2011

Quand JE n'est pas un autre

« D'où venez-vous, mes rêves ?

— Nous venons d'un ailleurs où le vin fut de palme, les savants des poètes, médecins astronomes. C'est sous un ciel d'orient que nous avons pris vie, en confins reculés de premiers souvenirs. Nous parons de couleurs les aubes de tes nuits, mêlant aux doux parfums de rose et fleur de glace la magie du safran qui apaise tes mots. Des minarets dressés, bleutés et coiffés d'ors, s'échappent tes voyages vers ces contrées lointaines.

— D'où venez-vous, mes sens ?

— Nous venons d'une Afrique où les flots atlantiques emportaient vers le large les pêcheurs en pirogue. L'humidité de l'air était caresse chaude et ta peau se rappelle les baisers du soleil qui se faisaient morsure. Le silence était vie, s'éveillant à ton ouïe en un millier de voix, quand insectes, grenouilles et souffles d'air nocturnes te berçaient dans tes rêves d'un voile rassurant. Et tes yeux ont appris à vivre l'or des grues, le bleu des bassins frais, les danses végétales, le divin des éclairs et la force du bois. Nous avons fait en sorte qu'une larme oubliée fasse battre ton coeur aux senteurs iodées, que le goût de la mangue te revienne en sourire et l'âcre des teintures t'enveloppe en batik.

— D'où venez-vous, mon coeur ?

— Je viens d'un pays vert où les toits sont de lauze, où le granit affleure sous les pins et le houx. D'un ciel immense et pur l'été comme l'hiver où le lait de la Voie se contemple à la nuit. Un pays rude et gai où les cerfs se dévoilent aux petits matins frais d'automne et de printemps. Où les flambées d'hiver sont plus vastes qu'ailleurs et l'herbe dans le pré un appel aux gambades. Un pays de châtaignes, de champignons, de mousse, d'étangs et de silence où la neige est douceurs et le foin estival.

— Où allez-vous, mes pas ?

— Qui peut dire où nous mènent le destin, tes envies ? Les pages que l'on tourne ne sont pas destinées à être lues d'avance. Le monde est si multiple et ses couleurs changeantes. Les odeurs font échos mais ne seront jamais exactement les mêmes, comme l'eau de la mer n'est jamais moins salée ni plus chaude en Ailleurs qu'on se l'imaginait. L'infini des chemins qui se créent chaque instant laisse la porte ouverte. Rester ou bien partir, ou même revenir, voyager par le monde ou te parcourir, toi, tout reste encore à faire. »

©ALS/Tarred & Feathered

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