Andelle
Le 18/10/2011
Poussée par une envie de balade nez au vent, loin du quotidien mais sans avoir à partir vers d'autres cieux, je me suis lancé hier un petit défi fort agréable : rentrer à pied du boulot jusqu'à la maison où j'habite pour encore 2 jours. Vous me direz que cela n'a rien d'extraordinaire. Il est vrai qu'il fut un temps où, arrivant à la gare Saint Lazare à l'heure du déjeuner le vendredi, je traversais une bonne partie de Paris à pied pour regagner mes pénates alors sises au-delà de la gare Montparnasse, soit une jolie trotte d'une heure et quart environ.
Mais là, il s'agit d'une toute autre aventure : longer l'Andelle sur six bons kilomètres, puis quitter la vallée pour gagner le plateau et continuer sur 7 ou 8 kilomètres, entre champs et petits villages. Le but étant entre autres d'emprunter (et non la prendre, surtout pas !) la petite route de la vallée, qui suit l'Andelle et côtoie de charmants bois et deux lieux qui m'attirent depuis que je les ai aperçus en voiture : une ancienne filature et une abbaye. Entre 13 et 15 km de petites routes donc, dont deux grandes côtes un peu désespérantes et une fin de voyage. Heureusement je ne travaille pas dans un bureau où il faut porter tailleur et chaussures à talons !
Je vous entends vous demander depuis 1 minute au moins : "Mais qu'est-ce que l'Andelle ? De quel coin du monde parle-t-elle ?" Quelques détails géographiques donc. L'Andelle est une petite rivière charmante se jetant dans la Seine après à peine 60 km de promenade à travers l'Eure et la Seine Maritime (l'inverse plutôt, d'ailleurs). La partie qui nous intéresse se déroule dans l'Eure, de Fleury-sur-Andelle à Romilly, sur Andelle également. On sort de Romilly par le pont qui mène à Pont-Saint-Pierre qu'on quitte en longeant l'église puis en se dirigeant vers l'Abbaye Notre Dame de Fontaine Guerard. A mi-course entre Pont-Saint-Pierre et l'abbaye, on s'arrête pour voler du regard la trace de la filature Levavasseur, datant de la fin du XIXe siècle, début XXe. Sorte d'église industrielle dont les murs s'élèvent à ciel ouvert derrière les arbres et se reflètent dans l'eau, elle me fascine. Vient ensuite l'abbaye, qui ne se cache, elle. Moins pudique, ouvertement monument historique, elle s'offre sans complexe à la vue depuis le pont. Mais on poursuit, la route grimpe, grimpe, puis redescend dans les odeurs de sous-bois et de champignons.
Alors, avant Fleury, on quitte la route des bois pour traverser l'Andelle à Radepont, au niveau du château, on traverse la vraie route et ses camions et l'on emprunte, au dessus d'une gare sans voyageurs, la Côte Verte qui mène au plateau. Côte dont on se souviendra le lendemain, pas uniquement pour les poneys rencontrés ni le thym de bergère cueilli. C'est à l'entrée sur le plateau, en débouchant des bois, qu'on réalise avoir quitté un paysage, une région particulière, et être ailleurs. Et c'est entre deux champs qu'après une longue marche on atteint enfin Grainville et l'on peut traverser la nationale, avec ses autos et camions puants. Il est urgent de repartir vers le calme des petites routes. Alors on découvre Grainville et on en profite pour admirer le château ravissant et les corps de ferme que l'on a découverts depuis le début du séjour, au mélange de crépis et briques rouges, typiques, vastes, longs, avec leurs alignements d'arbres. Puis on ressort du village en direction de Cressenville, d'autres champs, d'autres corps de ferme. Et à Cressenville on s'aperçoit qu'on n'est pas encore arrivé. Mais c'est une autre histoire.
Complété le 21/10/2011