Bronze

Comme toi j'aimerais fixer de ces yeux sombres
Tout l'avenir du monde à travers mon passé
Et, figée dans le bronze royal, luire d'ombres
En souriant, mystérieusement racée.

Rien ne semble t'atteindre, altière, dressée,
Ni les froissements sourds qui agitent ce monde,
Ni le regard curieux des visiteurs pressés,
Aveugles aux beautés qu'en silence tu sondes.

Tu connais les esprits que renvoient les miroirs,
Tu as vécu l'amour et le feu et la gloire
Et la mort qu'on dépasse en devenant esprit

Soi-même ; immobile émouvante tu sais voir
L'invisible, l'infime et l'infini pétris
Par des dieux oubliés dont, seule, as la mémoire.

(Tête commémorative de la reine-mère, uhunmwun elao ; XVe – XVIe siècles)