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15 septembre 2011

30 ans d'abolition de la peine de mort en France

dessin Pancho Guillotine« J'ai l'honneur, au nom du Gouvernement de la République, de demander à l'Assemblée nationale l'abolition de la peine de mort en France... » (R. Badinter, le 18/09/81)

Le 18 septembre 1981, par 363 voix contre 117, l'Assemblée nationale adopte, après deux jours de débats, le projet de loi portant abolition de la peine de mort présenté, au nom du Gouvernement, par Robert Badinter, garde des Sceaux, ministre de la justice. Douze jours plus tard, le texte est voté dans les mêmes termes par le Sénat, par 160 voix contre 126. (Site de l'Assemblée Nationale).

Cela fait donc 30 ans que la guillotine n'est plus en France qu'objet de musée. Pour célébrer cette abolition qui fut un événement essentiel dans l'histoire moderne de la France et pour marquer l'importance de continuer à lutter pour une abolition universelle de la peine de mort, ECPM, en partenariat avec les autres acteurs de la lutte pour les droits de l'homme, propose en Île-de-France de nombreuses actions jusqu'à la fin du mois d'octobre. Outre un grand rassemblement sur le parvis de l'Hôtel de ville, un cycle de films au cinéma Action Christine avec débats, toute une série d'interventions dans les collèges et lycées sous le thème "Éduquer à l'abolition", un spectacle à la mairie du 3e arrondissement, une série de conférences/débats est organisée à la Bibliothèque Nationale (site F. Mitterrand).

Pour télécharger le programme des célébrations, cliquer l'image :

Affiche 30e anniversaire PM

Le programme des conférences d'octobre de la BNF (Site FM) : Auditoriums
Les cinémas Actions : l'Action Christine.

 

Analepse littéraire.

JusticiaJ'ai une faiblesse particulière pour l'engagement de Victor Hugo dans ce domaine. C'est en cherchant un texte pour illustrer ce sujet que j'ai trouvé cette correspondance entre Hugo et un noble portugais. On est en 1867. (Dessin : V. Hugo, "Justicia", 1857)

 

À M. VICTOR HUGO
Lisbonne, le 27 juin 1867.

On vient de remporter un grand triomphe ! Encore mieux ; la civilisation a fait un pas de géant, le progrès s’est acquis un solide fondement de plus ! La lumière a rayonné plus vive. Et les ténèbres ont reculé.
L’humanité compte une victoire immense. Les nations rendront successivement hommage à la vérité ; et les peuples apprendront à bien connaître leurs vrais amis, les vrais amis de l’humanité.
Maître ! votre voix qui se fait toujours entendre lorsqu’il faut défendre un grand principe, mettre en lumière une grande idée, exalter les plus nobles actions ; votre voix qui ne se fatigue jamais de plaider la cause de l’opprimé contre l’oppresseur, du faible contre le fort ; votre voix, qu’on écoute avec respect de l’Orient à l’Occident, et dont l’écho parvient jusqu’aux endroits les plus reculés de l’univers ; votre voix qui, tant de fois, se détacha forte, vigoureuse, terrible, comme celle d’un prophète géant de l’humanité, est arrivée jusqu’ici, a été comprise ici, a parlé aux coeurs, a été traduite en un grand fait ici... dans ce recoin, quoique béni, presque invisible dans l’Europe, microscopique dans le monde ; dans cette terre de l’extrême Occident, si célèbre jadis, qui sut inscrire des pages brillantes et ineffaçables dans l’histoire des nations, qui a ouvert les ports de l’Inde au commerce du monde, qui a dévoilé des contrées inconnues, dont les hauts faits sont aujourd’hui presque oubliés et comme effacés par les modernes conquêtes de la civilisation, dans cette petite contrée enfin qu’on appelle le Portugal !
Pourquoi les petits et les humbles ne se lèveraient-ils pas, quand le dix-neuvième siècle est déjà si près de son terme, pour crier aux grands et aux puissants : L’humanité est gémissante, régénérons-la ; l’humanité se remue, calmons-la ; l’humanité va tomber dans l’abîme, sauvons-la ?
Pourquoi les petits ne pourraient-ils pas montrer aux grands le chemin de la perfection ? Pourquoi ne pourraient-ils, seulement parce qu’ils sont petits, apprendre aux puissants le chemin du devoir ?
Le Portugal est une contrée petite, sans doute ; mais l’arbre de la liberté s’y est déjà vigoureusement épanoui ; le Portugal est une contrée petite, sans doute, mais on n’y rencontre plus un seul esclave ; le Portugal est une contrée petite, c’est vrai ; mais, c’est vous qui l’avez dit, c’est une grande nation.
Maître ! on vient de remporter un grand triomphe, je vous l’annonce. Les deux chambres du parlement ont voté dernièrement l’abolition de la peine de mort.
Cette abolition, qui depuis plusieurs années existait de fait, est aujourd’hui de droit. C’est déjà une loi. Et c’est une grande loi dans une nation petite. Noble exemple ! Sainte leçon !
Recevez l’embrassement respectueux de votre dévoué ami et très humble disciple,
Pedro DE BRITO ARANHA.

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À M. PEDRO DE BRITO ARANHA
Hauteville-House, 15 juillet.

Votre noble lettre me fait battre le coeur.
Je savais la grande nouvelle ; il m’est doux d’en recevoir par vous l’écho sympathique.
Non, il n’y a pas de petits peuples.
Il y a de petits hommes, hélas !
Et quelquefois ce sont ceux qui mènent les grands peuples.
Les peuples qui ont des despotes ressemblent à des lions qui auraient des muselières.
J’aime et je glorifie votre beau et cher Portugal. Il est libre, donc il est grand.
Le Portugal vient d’abolir la peine de mort.
Accomplir ce progrès, c’est faire le grand pas de la civilisation.
Dès aujourd’hui le Portugal est à la tête de l’Europe.
Vous n’avez pas cessé d’être, vous Portugais, des navigateurs intrépides. Vous allez en avant, autrefois dans l’océan, aujourd’hui dans la vérité. Proclamer des principes, c’est plus beau encore que de découvrir des mondes
Je crie : Gloire au Portugal, et à vous : Bonheur !
Je presse votre cordiale main.
V. H.

 

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