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8 août 2012

Éclectique (1)

[Edité le 12/08/12]

Une des dernières petites chroniques cinéma avant un bout de temps. Une bonne raison de fonctionner, plus que jamais, au feeling.
Après avoir loupé un certain nombre de films ces dernières semaines, voici deux coups de dés qui changent des bêtises estivales.

Faust

Faust, de Alexandr Sokurov (2011).

Je l'avais repéré, j'en avais envie, très envie. Pour lire une critique intelligente et à la hauteur de ce film, qualifié de chef d'oeuvre par tous les médias qui comptent, reportez-vous au Monde, aux Cahiers, à Critikat ou encore aux Inrocks. De même que ce film m'a fait me sentir soudainement très limitée intellectuellement, je suis incapable d'écrire quelque chose d'intellectuel et me contenterai d'un regard personnel et un peu au ras des pâquerettes.
J'avoue avoir cligné des yeux au bout d'1h30 et ne les avoir rouverts qu'au bout de quelques minutes, une première qui m'a interpellée : pourquoi ai-je donc tant lutté contre ce film, au point de m'y épuiser ? Après deux jours de réflexion, plusieurs explications s'imposent.
Film d'une richesse visuelle rarement (jamais ?) vue, tout était là pour que je m'y délecte. Imaginez que vous pénétrez dans un monde mêlant Jérôme Bosch et Bruegel : ça grouille de vie et de mort, d'insolite, d'impossible, d'incompréhensible, de beauté et de laideur, de crasse et de pureté, de symboles et d'archétypes, de blasphèmes, c'est cru, violent et ça pue, magique. Qu'on ne comprenne pas tout (voire rien) n'a aucune importance. Le début du film est une quête de nourriture symbolique, jusqu'à cette femme hystérique dont, un peu à l'instar de la "Cure de la folie" de Bosch, on extrait un oeuf du vagin. On y retrouve la chouette/le hibou, la cigogne et autres animaux typiques, les trognes et les foules, les fous (ou plutôt la folle), les monstres, l'alchimie, les 7 péchés capitaux.
Et puis tout à coup, patatras : dans ce lavoir-bain, gynécée moite et joyeux où paraît la pure Marguerite pour la première fois, Mauricius (le Sombre, qui résiste à la ciguë, chie dans l'église, a la queue derrière, des bras de poulet et un problème d'absence d'ailes qui lui démange le dos) se met à poil et tout le rêve/cauchemar qui allait de soi se transforme en faire-semblant ridicule. Voilà donc la première grosse faille, le truc qui tue. Et qui tuera deux fois de plus avec les homoncules (dont l'avorton de l'élève de Faust). A trop vouloir en faire (ici montrer, car c'est du cinéma) on touche le ridicule. Hubris ?
Mais c'est surtout le combat que j'ai dû mener avec les dialogues qui semble avoir eu raison de mon intellect. Pour quelle raison, alors que j'ai vu des films en coréen, chinois, japonais, allemand, portugais, hindi, thaï, tchèque etc., ai-je été ainsi incapable de traiter de front image et son dans ce film ? Impossible d'accrocher par le biais des sous-titres le sens des phrases échangées, très nombreuses (car j'ai vécu Faust comme un film bavard, et obscurément tel). Ou alors c'était-ce normal ? Le but recherché par le cinéaste serait-il de noyer le spectateur d'images et de mots, symboles d'un monde qui a toujours été et sera toujours dépourvu de sens réel en raison de la démesure des désirs de l'homme ? Épuisant !
A tel point que j'avais abandonné la bataille quand Faust s'est retrouvé dans un monde désertique à grimper une montagne, éternellement. Etrange mise en abyme visuelle de mon état d'esprit pendant le dernier tiers de Faust.
Je n'ai pas lu en entier les articles parus dans les magazines sus-nommés, de peur d'avoir l'impression de lire un corrigé d'épreuve du bac et de découvrir que je suis totalement nulle. Mais, si j'ai été incapable de saisir une quelconque émotion, comme atteinte d'un handicap soudain, j'ai été époustouflée par cette vision de l'homme, hors temps, hors codes, à laquelle Sokurov donne vie (en tout cas dans toute la première partie du film).

 

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Faust

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Faust7

 

affiche-gangs-of-wasseypur-1ere-partie

Gangs of Wasseypur (Part 1) de Anurag Kashyap (Inde, 2012).

Etonnament, plusieurs films indiens sont sortis ces deux dernières semaines en France. Mon nez m'avait dit : Gangs Part 1, merci le nez.
Wasseypur, Inde. La ville voit s'affronter trois générations de gangsters, héritiers de deux clans. Celui de Shahid Khan, qui le premier se lança dans le pillage de trains britanniques, contre celui de Ramadhir Singh, au pouvoir sans partage sur la région. Devenu paria, Shahid Khan est contraint de travailler dans la mine de son pire ennemi. Sardar Khan, fils de Shahid et coureur de jupon invétéré, a juré de rétablir l'honneur de son père en devenant l'homme le plus redouté de Wasseypur.
Sur fond d'évolution de l'Inde, de la fin de l'Empire aux années 80, c'est une sorte de saga familiale mafieuse dans laquelle nous entraîne Kashyap, où les genres se mélangent avec bon heur en un cocktail épicé mais équilibré : action, amour, violence, guimauve, tradition épique et modernité. Film violent de gangsters, des attaques de trains westerniennes aux sagas mafieuses dans la lignée des Affranchis ou du Parrain - prises de pouvoir, alliances, trafics, corruption et règlements de comptes -, Gangs ne singe cependant pas Hollywood. C'est un tout qui traduit un plaisir cinématographique personnel et qui ferait penser à Tarantino. Les ralentis, qui auraient tendance à m'énerver, y prennent une dimension fleurant le jeu un peu cliché, qu'il s'agisse de scènes d'action ou de coups de foudre guimauve. On est en Inde et Bollywood n'est pas loin mais en clins d'oeil ou en toile de fond : le film ouvre sur un écran de télé où passe une série typique avant d'exploser sous les balles, une pure scène bollywoodienne du film a pour but d'occuper l'attention des gardiens de prison où la danseuse n'est autre que le bras droit de Sadar Khan. Cerise sur le gâteau : la bande originale (aux textes systématiquement sous-titrés) ultra efficace, oscillant entre textes aux thèmes traditionnels et chansons sexe, se déroule comme un paratexte lyrique ou drôle, voire ironique de manière assez jubilatoire.

 

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Gangs3

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Gangs5

Gangs6


La 2e partie est sortie le 8 août en Inde, on peut espérer qu'elle ne tardera pas non plus en France, avant décembre ?
Voici la bande annonce, en VO non sous-titrée mais qu'importe, en avant les images et la musique :

 

Post Scriptum :
 

visuel_7e_salle

1. Une info qui ravira les cinéphiles : 
Le programme La Septième Salle nous offre de proposer, puis voter pour et ensuite revoir des films qui ne sont plus à l'affiche. Ce service est proposé pour l'instant dans une vingtaine de localités. Allez voir le site : La 7e salle.

2. Un dernier billet cinoche d'ici à la fin de la semaine. Après, je ne promets rien pendant un certain temps...
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Commentaires
M
D'abord merci pour l'info pour la Septième salle qui, entre 7ème art, 7ème sceau et 7ème ciel me semble une initiative particulièrement utile. Le système de distribution est devenu tel, ici, que rater un film en première semaine équivaut souvent à le laisser retomber dans ses limbes, là où flottent les films n'ayant pas trouvé de public.<br /> <br /> Ensuite, si je n'ai pas encore vu Gang (mais j'attendrai peut-être la partie 2 pour tout découvrir d'un coup), Faust a été un des moments forts de mon année ciné, 1ère partie. Pour ajouter à ton trouble, souviens-toi cet écran carré dans lequel les personnages semblent ne plus trouver la place pour passer leur chemin et semblent devoir lutter pour exister. C'est un film vénéneux comme le diable, moins présent peut-être sur l'écran que dans l'ambiance très particulière de ce film qui m'a également troublé et beaucoup séduit.<br /> <br /> Bonnes vacances. J'attends la suite de tes choix éclectiques avec un intérêt non feint.<br /> <br /> Bises.
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