Humeur aventureuse

Les mystères de Lisbonne, de Raul Ruiz.

De fil en fil

Dans quelque temps, Arte va avoir l'excellente idée de nous proposer, en épisodes, l'oeuvre de Raul Ruiz, les Mystères de Lisbonne, dans sa version intégrale de 6 heures.

Malgré la difficulté de trouver une séance qui pouvait s'insérer dans une vie active, j'ai réussi avant qu'il ne soit trop tard à voir la version cinéma, qui ne compte que 4h30. Une aventure en soi, impliquant un contrat tacite entre spectateur et cinéaste : accepter de se laisser emporter pendant un après-midi entier dans un autre univers.

Petite balade, sans blabla, aux fils des Mystères de Lisbonne.

Cliquez sur les photos, cela vaut le coup.

Un orphelin, Pedro, élevé par un prêtre dans un internat religieux.
Il ne connaît rien de ses origines. La source est là, dans l'absence de source. 

Une mère retrouvée, qui se cache et cache ses secrets. Un premier fil d'histoire à dérouler, on ne sait pas très bien jusqu'où, mais on est d'accord pour partir à l'aventure.

Des secrets, toujours, reflets dans les vitres ou les mirroirs
comme vrais ou faux semblants.
En toile de fond, un petit théâtre de carton, un jeu d'enfant,
côté cour côté jardin les personnages entrent et sortent, mis en scène et mise en scène. 

Un gitan, un mercenaire, une histoire d'enlèvement, de pacte et de trahison.
Et l'on continue d'étirer les fils... ce n'est que le début ! On s'en frotte les mains.

Une femme objet de passion, prise au piège de cette passion qu'elle refuse.
De la violence, une fuite.
Autre fil. 

Des marquises, coquettes et cancannières, un bal, des costumes.
Des regards curieux, le spectacle est un élément de l'histoire. 

On traverse les époques, un pas en avant, un pas en arrière.
Il l'aime. Lui aussi l'aime. Tous deux sont amis. Les aime-t-elle ? Qui aime-t-elle ?
Une autre passion, une autre violence des sentiments. Autre fil. 

Et la violence de la passion se met à nouveau en scène.
Personnage acteur et spectateur, théâtre intérieur extérieur.
Côté cour côté jardin. Autre fil. 

Autre époque. Il n'est pas de grande aventure sans duel. 
Ce fil-là passe en lisière du fantastique. Etrangeté des plans, de la lumière.
Etrangeté d'un suicide dans le lointain, presque impalpable, a-t-on bien vu ? 

L'adulte au regard d'enfant, derrière la scène, mis en scène.
Le rideau va pouvoir tomber sur le théâtre de ces aventures, traversant les époques,
tous les fils sont tirés. 

Pour en savoir davantage, avant ou après avoir vu le film : le très beau site officiel du projet (film et série).

Ajout du 31 mars 2011 :
Ce soir, au cinéma Le Nouveau Latina (Paris) les éditions Lafon présentaient le roman Les Mystères de Lisbonne, traduit en français pour la première fois. J'aurais dû y être mais on ne fait pas toujours ce qu'on veut. 
La page Facebook des Mystères de Lisbonne.