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3 mai 2014

Espage

LITTERATURE "JEUNESSE" INTELLIGENTE

Source: Externe

Décidément, la littérature "jeunesse" anglo-saxonne a l'heur de ne pas prendre les mômes pour des billes. On est bien loin des versions débilitantes de classiques français publiés "essprès" pour les collégiens et lycéens (voir le Madame Bovary  de Hachette éducation, dont les notes de bas de page m'avaient laissée pantoise tant elles volaient au ras des pâquerettes, sans parler de la couverture à hurler de rire). Je suis méchante, parce qu'il existe également de "vrais" auteurs pour enfants et ados en France. Mais à regarder les listes de certaines éditions françaises dédiées aux collèges et lycées, on a mal. Merci en passant à L'école des loisirs de nous rappeler constamment que la littérature pour enfants et ados est un genre à part entière.

Dans ce coin du monde non plus, littérature jeunesse ne rime pas forcément avec désir de s'élever du ras des pâquerettes. Et il est fort difficile de mettre l'oeil sur des pages qui donnent envie. D'où ma surprise, il y a deux semaines, en tombant par hasard sur deux orphelins de Philip Pullman lors d'une vente des éditions Scholastic à l'école. Philip Pullman, c'est la trilogie "His Dark Materials" ("A la croisée des mondes") qui m'avait enchantée il y a dix ans au Maroc. 

Source: Externe

C'est donc à la faveur d'un moment de désoeuvrement que je dois mes dernières heures de plaisir de lecture, accompagnée de Sally Lockhart et de ses mystères.
Mes tentatives d'incursion dans le roman policier d'influence victorienne, version Ann Perry, il y a deux ou trois ans, m'avaient laissée plus que froide. Avec Pullman, on chemine également sur les docks, on slum, les rivières souterraines menacent, les rues sont pareillement mouillées et mal éclairées mais, au contraire de Perry, on se fait plaisir. Un plaisir multiple, même.
Plaisir des intrigues un poil tirées par les cheveux, et qui s'assument comme telles : on confine ainsi aux romans de 4 sous, régulièrement cités par l'un des personnages (Jim et ses "Penny Dreadful"), où les "villains" sont méchants (et parfois laids) à souhait, l'héroîne plus que moderne et les rebondissements feuilletonnesques. Plaisir d'une langue qui ne cherche pas à faire simple parce qu'il faudrait se mettre à la hauteur de jeunes esprits limités. On connaît des remplisseurs de pages pour adultes qui pourraient en prendre de la graine. 
Plaisir, et surprise, surtout du soin porté au contexte historique. C'est la raison pour laquelle le premier volet m'a accrochée dès le début ("The Ruby in the Smoke" : titre un tantinet cliché, savoir se faire plaisir). L'histoire de Sally Lockhart, jeune anglaise intrépide, résolument moderne et un peu anachronique, prend ses racines dans la Révolte des cipayes : riche idée que d'ancrer ces mystères victoriens dans l'exotisme violent de ces événements. On se croit presque lecteur victorien soi-même. Surprise, surtout, de trouver la photographie, à ses débuts, si présente dans ce premier volet : stéréoscopie et photographie qui ne peut être que d'influence préraphaélite, comment ne pas se sentir chez soi ?
Voilà sans doute l'un des charmes de cette série : la fin du XIXe siècle est si chargée de changements techniques, économiques et sociaux, qu'en les utilisant comme ressorts de l'intrigue ou simple toile de fond, Pullman réussit à mêler modernité et Angleterre victorienne, clichés ou jeux de quasi-invraisemblances et références historiques, bref, à proposer des moments véritablement romanesques et intelligents.

A ne pas manquer (dans l'édition Scholastic) : les extraits du Dictionary of London, de Charles Dickens fils (1879), en annexe des romans !

Chez Folio :
La Malédiction du rubis ("The Ruby in the Smoke").
Le Mystère de l'étoile polaire ("The Shadow in the North").
La Vengeance du tigre ("The Tiger in the Well").
La Princesse de Razkavie ("The Tin Princess").

PLAISIR DES YEUX

Clin d'oeil à une superbe méthode de Français langue précoce  (comprendre : FLE pour enfants) : Tatou le matou, aux éditions Hachette (éducation) FLE. 
Si j'en parle ici, c'est pour les illustrations qu'on doit à Rebecca Dautremer et qui en font un petit objet délicieux. 

P1030507

Pour ceux qui ne font pas le lien, Rebecca Dautremer est cette illustratrice au toucher si particulier (à qui l'on doit entre autre Princesses:

Source: Externe

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Commentaires
M
Heureux de me retrouver, dans cet univers raffiné. Tiens, je t'écris.
T
partage les titres ! et tu penses quoi, toi, de Pullman ?
L
Suis en train de préparer un stage sur la littérature jeunesse. Depuis quelques semaines, je ne me bal(l)ade que dans des chefs-d'oeuvre, le reste ne mérite même pas le nom de littérature.
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