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23 mai 2011

L'oeil des Caillebotte

Comme annoncé dans un billet précédent, la folie impressionniste qui fait frémir Paris ce printemps (période d'impressions lumineuses et colorées s'il en est, cette année !) entraîne dans son sillage un certain nombre d'expositions, dont l'exposition "Dans l'intimité des frères Caillebotte" au musée Jacquemart-André (158, bd Haussmann). On y redécouvre Gustave, le peintre, et on y découvre son frère Martial, photographe. Période charnière que celle dont ils sont les témoins : Paris est re-dessiné par Haussmann, l'industrialisation donne naissance à de nouveaux paysages ruraux et urbains, la photographie et les impressionnistes permettent d'envisager le monde différemment. 

 

Dans l'intimité des frères Caillebotte
Musée Jacquemart-André à Paris 


dans_intimite_freres_caillebotte

Cette exposition est accessible tous les jours jusqu'au 11 juillet 2011 au Musée Jacquemart-André. Prendre un coupe-fil à l'avance n'est pas inutile (merci à à toi de t'en être chargé), sinon il faut prévoir apparemment une bonne heure de queue.

 

Réserve...

Débarrassons-nous de quelques bémols : l'exposition elle-même est un peu (trop ?) courte et on touche au bout du voyage, après 45 minutes environ de balade, un peu frustré de ne pas pouvoir s'immerger davantage dans les toiles de Gustave. Et puis après avoir découvert les photographes préraphaélites anglais à Orsay, on est sans doute moins surpris par la photographie de Martial. N'oublions pas qu'on est "dans l'intimité" des Caillebotte et donc souvent chez eux (photos de famille, portraits des proches). J'avoue que dans ma famille, on a pris des photos depuis très longtemps (plaques pour stéréoscope puis sur pellicule) et ce que j'ai vu des photos de Martial ne m'a pas transcendée. Et pourtant... !

 

Les plus, sans condition.

Et pourtant, c'est une expo à voir. Tout d'abord parce qu'il est toujours un peu magique de toucher des yeux les coups de pinceau d'un peintre, de se rendre compte que tel tableau, qu'on a vu mille fois en carte postale ou dans les livres, est comme un être vivant, dynamique, grâce aux reliefs de l'huile sur la toile. Il y a une certaine émotion à découvrir le jeu de l'eau ou de la lumière en trois dimensions : privilège de pouvoir s'appocher comme on découvre un secret, puis de reculer pour en savourer l'effet.

caillebotte01 Caillebotte01Grand
Gustave Caillebotte (Régate à Argenteuil)

 

Avec les frères Caillebotte, c'est tout d'abord la vision d'un monde en plein changement : la ville est redessinée (perspectives et lignes nouvelles dans les trois dimensions), mais la campagne également, avec le train et l'industrialisation. Le photographe comme le peintre sortent ainsi de l'atelier et se font les témoins de ces changements : les personnages sont en mouvement, pris sur le vif, et l'architecture extérieure sert de nouveau décors aux scènes choisies, les éléments de la modernité deviennent les personnages centraux qui relèguent parfois les humains au second plan, c'est l'activité humaine moderne, et ses manifestations, qui servent de sujet.

Caillebotte12Photo Caillebotte05
Martial Caillebotte (allumeurs de réverbères ?) et Gustave Caillebotte (Les Peintres en bâtiment)

Caillebotte07 Caillebotte10__Le_pont_de_l_Europe
Martial Caillebotte (Gustave Caillebotte et Bergère sur la Place du Carrousel)
Gustave Caillebotte (Le Pont de l'Europe) 

Caillebotte13Photo Caillebotte14
Martial Caillebotte (un chantier ?) et Gustave Caillebotte (Fabriques à Argenteuil)

 

Photographie et peinture semblent étroitement liées dès lors. Il est essentiellement question de regard, de points de vue inédits. Un thème récurrent lie les deux frères : la fenêtre / le balcon. Sorte de mise en abyme du regard, vers l'extérieur ou plongeant vers le bas. Manière pour Gustave, également, de mettre en scène la ville d'un côté (travail sur les perpectives) mais également l'intimité bourgeoise d'une façon peut-être plus critique que ce qu'il se dégage des photos de Martial (indifférence dans le couple, absence de communication...).

Caillebotte11Photo Caillebotte03
Martial Caillebotte (Moi au balcon), Gustave Caillebotte (Le Balcon)

Caillebotte08 Caillebotte04
Gustave Caillebotte (Le Boulevard vu d'en haut - Intérieur, femme à la fenêtre)

 

Surtout, ce qui m'a le plus frappée chez Gustave Caillebotte, c'est l'aspect inédit de sa peinture, l'utilisation des techniques de la photographie et de la peinture impressionniste lui permettant de créer des tableaux qui ne ressemblent pas à ce qu'on a vu avant. De la photo, il semble avoir repris le cadrage, n'hésitant pas à tronquer certains éléments pour mieux centrer (ou décentrer) sa mise au point sur un élément au second plan. Par la technique impressioniste, il joue sur les perspectives, les textures et les lumières, soulignant ce qui pourrait n'être qu'un détail et au contraire passant sous silence ce dont auparavent on soignait le détails (comme les visages).

Caillebotte06__Le_d_jeuner_1876 Caillebotte02
Gustave Caillebotte (Le Déjeuner - Les Périssoires)

 

Signature impressioniste.

Un clin d'oeil enfin, sous forme d'un autoportrait dont on pourrait se demander s'il représente le peintre lui-même ou la famille artistique du peintre. Une mise en abyme détournée, en quelque sorte : au lieu de nous laisser le découvrir à travers le tableau qu'il peint de lui-même, il nous offre en arrière plan un autre tableau impressionniste phare, incontournable, et qui n'est pas de lui (mais vu dans un miroir). Comme une sorte de signature, de manifeste ?

Caillebotte09 Renoir_Moulin_de_la_Galette
Gustave Caillebotte (Autoportrait au chevalet) et Auguste Renoir (Le Bal du Moulin de la Galette)

 

Les boni :

Deux manières agréables de continuer l'après-midi si, comme moi, vous trouvez que l'exposition était un peu courte : visiter le musée lui-même, situé dans un superbe hôtel particulier du XIXe siècle et / ou prendre un thé et une pâtisserie dans le restaurant - salon de thé du musée, dans une ambiance assez luxueuse et feutrée. Thés parfumés de qualité et pâtisseries délicieuses ! A l'occasion de l'exposition Caillebotte, le restaurant propose par ailleurs un menu particulier à consulter ici.

musee_jacquemart_andre cafe_jarcquemart_andre

Pour poursuivre ou préparer sa visite, les organisateurs de l'exposition nous proposent un choix non négligeable de possibilités, pour toutes le bourses :
L'application pour iPad et iPhone à télécharger, le hors-série de Beaux Arts magazine : "Le journal de l'expo",  le hors-série du magazine Connaissance des arts et enfin le catalogue de l'exposition.

iphone  Photo5  Caillebotte11Connaissance_des_arts catalogue_expo_caillebotte 

 

 

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